La salutation de l'ange à Marie est l'annonce de la joie messianique ! Réjouis toi Marie ! Et elle est à rapprocher de la salutation que le prophète Sophonie adresse à la Jérusalem sauvée des temps eschatologiques : "Pousse des cris de joie, fille de Sion, fais entendre tes acclamations, Israël ! Réjouis-toi et que ton cœur soit en fête, fille de Jérusalem !" (So 4, 14)
L'ange reprend ensuite les paroles de bénédiction, par lesquelles on avait salué les femmes célèbres d'Israël dans l'Ancien Testament en particulier la salutation d'Osias à Judith : "Tu es bénie, ma fille, par le Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre !" (Jdt 13, 18).
Marie est ainsi désignée comme le saint "reste" d'Israël, comme la vraie Sion, vers laquelle se sont tournées les espérances dans les malheurs de l'histoire. Et l'Annonciation à Marie inaugure l'accomplissement des promesses et la " plénitude des temps " (Ga 4, 4), c’est-à-dire l'accomplissement de la présence de Dieu parmi les hommes ! Marie est invitée à concevoir Celui en qui habitera "corporellement la plénitude de la divinité" (Col 2, 9).
«Troublée», Marie comprend qu’elle va concevoir le Messie, et se pose des questions : "comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ?" Comme dit René Laurentin : "son étonnement ne provient pas de ce qu'elle ne comprend pas ou d'une crainte pusillanime dont elle pourrait triompher peu à peu. Il provient du choc de la rencontre avec Dieu, de cette joie incommensurable, capable d'ébranler les tempéraments les plus solides". Et la réponse divine lui est donnée : "L'Esprit Saint viendra sur toi !"
Alors, par son oui la Vierge Marie a conçu dans son sein le Fils éternel par l'action de l'Esprit Saint et sans le concours d'un homme. Le Sauveur est la création nouvelle ; il n'est pas le pur descendant d'une hérédité humaine et c'est à ce titre, qu'il ne peut pas naître d'une relation charnelle, non parce que Dieu répugnerait à cela mais parce qu’Il est pur Don de Dieu. Et, bien sûr, comme Dieu, le Fils ne peut pas avoir d’autre père que Dieu le Père ; cela entraînait qu’Il reçoive sa nature humaine miraculeusement d’une mère vierge.
Rien n'est impossible à Dieu ! Le protestant Karl Barth a des pages admirables sur l'Incarnation du Fils éternel à l'Annonciation et notamment cette très belle phrase : «c'est un même miracle aux deux extrémités de la vie de Jésus qu'un sein vierge trouvé plein et qu'un tombeau plein trouvé vide» …. mettant ainsi magnifiquement en rapport les deux grands mystères du christianisme : l'Incarnation par la naissance virginale de Jésus et la Résurrection ! C'est superbe !
Joseph non plus n'a pas douté, jamais il n'a douté de Marie. Il s'est senti devant Marie comme Moïse devant le buisson ardent, indigne. Il comprend que Marie ait été aimée de Dieu, il veut lui laisser sa liberté… S'il avait douté il aurait été incapable de vivre avec elle. Il se retire, l'ange le rattrape… C'est une figure fantastique, un croyant fantastique. Dans l’Évangile on ne sépare jamais Marie et Joseph (cf. l'encyclique de Jean-Paul II Redemptoris Custos).