« N’avez-vous point vu de blé gâté, mes enfants ? »
« Non, Madame ! »
« Mais, vous, Maximin, mon enfant, vus devez bien en avoir v une fois, au Coin, avec votre père. Le maître du champ dit à votre père d’aller voir son blé gâté. Vous y êtes allés. Vous avez pris deux ou trois épis dans vos mains, vous les avez froissés et tout tomba en poussière. En vous en retournant, quand vous n’étiez plus qu’à une demi-heure loin de Corps, votre père vous donna un morceau de pain en vous disant : « Tiens, mon petit, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l’an qui vient si le blé continue comme ça ».
Ah ! oui, Madame. Je m’en souviens maintenant. Tout à l’heure, je ne m’en souvenais pas ».
Monsieur Giraud, père de Maximin, charron de son métier, n’avait plus besoin de Dieu depuis longtemps. Tout d’abord, il ne voulut rien savoir de ce que racontait son gamin. Jusqu’au jour où Maximin put lui dire : « Mais papa, elle m’a parlé de toi ». Bouleversé, il découvre dans les paroles de Marie, le Dieu de tendresse, présent à son angoisse de père de famille qui n’a plus de pain à donner à son enfant.
Ce que Monsieur Giraud ne savait pas, c’est que son geste de partager le pain renvoyait à la parole de Jésus : «Lequel d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera-t-il une pierre ? » N’est-ce pas aussi pour cela que Jésus se donne lui-même à nous dans l’Eucharistie sous le signe du pain partagé ? Avec Maximin, nous pouvons répondre : « Oui, je m’en souviens à présent ».
« Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple »
Les dernières paroles de la Belle Dame sont un envoi en mission. Ce que nous avons compris, il faut le vivre. Maximin et Mélanie ont accompli leur tâche : « La mission des enfants est finie, celle de l’Église commence »…. La nôtre, celle de nos communautés, au jour le jour, là où nous sommes. Mais Marie nous accompagne sur nos chemins.
Nombre de saints, de pasteurs, d’écrivains ont été marqués par La Salette : Don Bosco, le curé d’Ars, le Père Eymard, sainte Sophie Barat, Monsieur Le Prevost, Monseigneur Dupanloup, Bloy, Huysmans, les Maritains, Ernest Psichari, Paul Claudel, François Mauriac, Stanislas Fumet, Louis Massignon…
La Salette est un nouvel élan vers l’essentiel de la foi de l’Église. Marie attire vers SON FILS JÉSUS ceux qui découvrent, à travers ses larmes, la tendresse de Dieu pour SON PEUPLE. A la lumière de la croix, ses paroles nous interpellent, surprenantes et toniques, riches de résonances bibliques et de saveur évangélique. Nous sommes rejoints au cœur de nos responsabilités quotidiennes.
Durant tout le mois de septembre, invoquons Marie avec cette invocation :
NOTRE DAME DE LA SALETTE, RECONCILIATRICE DES PECHEURS
priez sans cesse pour nous qui avons recours à vous.