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MARIE TOUBLET

Marie Toublet, notre fondatrice, écrivait le 11 septembre 1921, premier jour de vie commune de nos premières Sœurs : «Que ce grain de sénevé, humble petite famille que nous sommes, lève et devienne un grand arbre s’il doit vous être fidèle et demeurer dans la ferveur ; mais qu’il périsse s’il ne doit pas vivre pour votre gloire».
Quels chemins avait-elle parcourus pour en arriver là ? D’où venait-elle ? Quels projets, quel idéal portait-elle en elle ? Ou plutôt, quel Esprit l’animait ?

Son enfance

Marie Honorine Henriette TOUBLET -Mère Marie de la Croix- est née le samedi 16 mai 1885, place de l’Avoine, à Alençon, département de l’Orne, en Normandie, même origine que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Fille de Joseph Alexandre Toublet, remarquable haut fonctionnaire à la Préfecture de l’Orne, homme non pratiquant ; et de Clémentine Duval, femme pratiquante. Elle est baptisée aussitôt en l’église Notre Dame par l’Abbé Larue. La famille est déjà composée d’un garçon et deux filles.

Sa jeunesse

A l’âge de 6 ans, avec sa sœur Marguerite alors âgée de 11 ans qui l’entraîne fermement, elle découvre l’école située à 5mn de la maison et tenue par les Religieuses de l’Adoration ; au contact des Sœurs, elle y apprend une piété douce. Elle est confirmée le 10 novembre 1897 par Monseigneur Bardel, évêque de Sées en la Paroisse Notre Dame d’Alençon. Au pensionnat, elle étudie dans un monde féminin et élitiste imprégné de la foi catholique. En juin 1901, elle obtient son brevet de capacité pour l’enseignement primaire. Dès ces années, elle s’imprègne de l’esprit de réparation par l’Adoration Perpétuelle du Très Saint Sacrement. Le mot «Réparation» la marque fortement tout au long de sa formation au pensionnat.

La prise de décision

A 21 ans, c’est l’âge de la décision pour Marie : malgré les influences familiales, sociales, religieuses qui pèsent fort, c’est une jeune femme décidée qui ose partir, quitter famille, pays natal, confort pour suivre un appel intérieur irrépressible à donner sa vie pour les autres. Comme elle l’écrira plus tard : «Il faut de l’audace pour aller de l’avant». Le 1° janvier 1907, elle arrive à Paris. Pour la première fois, elle est introduite dans ces taudis parisiens dont elle n'avait aucune idée. Puis elle est chargée d'un cours d'enseignement ménager à la Maison Sociale. C'est ainsi qu'elle commence concrètement son action auprès des jeunes et des pauvres. Elle enrichit ensuite son expérience à Limoges. Là, elle découvre les Cercles d'études et aussi la joie de la vie en commun au sein d'un groupe réuni par un même idéal.

Les rencontres déterminantes

Au long des années passées dans la capitale, Marie rencontre 3 prêtres qui, chacun selon ses dons, contribueront à orienter la vie de la jeune fille.

L’Abbé Georges Gérard l’accompagne de 1907 à 1914. C’est lui qui l’aide à découvrir plus en profondeur ses talents, ses aspirations ; qui l’encourage à persévérer dans le doute ; qui lui fait découvrir les premiers balbutiements d’une vie commune et la force d’un groupe tendu vers le même idéal.

Puis, dès décembre 1908, elle rencontre le Père Louis Lantiez, Religieux de Saint Vincent de Paul. Il lui transmet «l’esprit de Jean Léon Le Prevost», l’amour des pauvres, le respect de la dignité de l’homme, l’humilité, la confiance tenace en Dieu, la tendresse du cœur, la présence du Christ en l’homme.

Le Père Charles Rollin succède à l’Abbé Gérard en 1914 lorsque celui-ci, à la déclaration de la guerre, doit partir comme aumônier militaire. Ses premières conférences sont appréciées du groupe des jeunes filles alors formé. Sa forte personnalité, ses divergences de vues d’avec son prédécesseur, sa méfiance du modernisme entraîneront les jeunes filles là où elles n’auraient pas voulu aller. Plus tard, il contribuera largement à la structuration de l’Institut.

Le discernement

Dieu est l’auteur de tout. Les réponses à nos questionnements viennent de Lui. Mais il faut un temps - des temps - de silence, de ressourcement, de maturation. La fondatrice des Sœurs de Marie Réconciliatrice n’a pas fait exception à la règle.
La retraite de 1908, sa première retraite, guidée par le Père Lantiez, reste un moment fort de sa vie. Elle a écrit dans ses notes : «J’entre en retraite pour répondre à la volonté de Dieu qui m’appelle. Combien je lui suis reconnaissante de me procurer cette grâce, alors que je ne m’y attendais pas.» Elle prend conscience qu’une nouvelle étape commence pour elle, celle où c’est à Dieu seul qu’elle veut livrer son temps, sa vie, ses affections. C’est au cours de cette retraite qu’elle commence à écrire son «règlement de vie» et qu’elle intensifie son amour particulier pour la Vierge Marie et sa dévotion à Notre Dame.

La dévotion au Sacré Coeur

Le Père Mateo prêche le Sacré Cœur et Marie le rencontre à Picpus en 1915. Depuis son enfance à Alençon, chez les Sœurs de l’Adoration, elle avait appris et aimé à se confier au Cœur de Jésus. Le Sacré Cœur est intronisé le 27 juin 1915 et Marie écrit: «Jésus, Roi d’amour, prenait davantage encore possession de notre œuvre et devait nous montrer en bien des cas sa visible protection.». Sa retraite à Paray le Monial en juillet 1916 avec deux jeunes filles du groupe lui permet alors de «comprendre pleinement la beauté de la donation de soi, non seulement au fond du cœur, mais aussi dans l’apostolat et le sacrifice de la vie religieuse».

Le silence fondateur

A partir de 1921, l’histoire de Marie Toublet se confond avec celle de l’Institut des Sœurs de Marie Réconciliatrice. Ecartée du «gouvernement», c’est par sa vie cachée et toute donnée qu’elle participe à l’édification de la famille religieuse qu’elle a elle-même initiée. C’est au prix de son silence habité que l’Institut des Sœurs de Marie Réconciliatrice peut exister, se former et grandir. Elle meurt à Rochecorbon le 14 novembre 1973. De Marie Toublet à Mère Marie de la Croix, l’arc de sa vie a rayonné sur ses proches, religieuses et laïcs, enfants et adultes. Elle fait partie des femmes peu connues dont la vocation prophétique grandit l’Eglise. Sa vie a résisté au quotidien, sans éclat, dans la patience, l’ascèse, le silence, et nous donne un modèle de compassion et de réconciliation.

© Sœurs de Marie-Réconciliatrice(2010) - Responsable publication : Sr Marie-Samuel - Réalisation jpJ - Dernière mise à jour : 01/12/2024 -
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