Le pape Léon XIV a signé le 4 octobre sa première Exhortation Apostolique, Dilexi Te « Je t’ai aimé ». Voilà ce qu’il dit : « Ayant reçu en héritage ce projet, je suis heureux de le faire mien – ajoutant quelques réflexions – et de le proposer au début de mon pontificat, partageant ainsi le désir de mon bien-aimé prédécesseur que tous les chrétiens puissent percevoir le lien fort qui existe entre l’amour du Christ et son appel à nous faire proches des pauvres. En effet, je pense moi aussi qu’il est nécessaire d’insister sur ce chemin de sanctification, parce que dans « cet appel à le reconnaître dans les pauvres et les souffrants, se révèle le cœur même du Christ, ses sentiments et ses choix les plus profonds, auxquels tout saint essaie de se conformer ».
Le pape François avait choisi son nom justement à cause de la place des pauvres dans la vie de Jésus-Christ, illustrée par toute la vie de Saint François d’Assise. Le pape Léon a, quant à lui, choisi le sien en référence à Léon XIII, pape de la doctrine sociale de l’Église (dans le contexte de l’industrialisation du XIXe siècle). Cela implique de se détourner de l’illusion d’un bonheur procuré par la richesse, d’opter pour une simplicité de vie et de reconnaître le Christ dans les pauvres .
A la lumière de la Bible, la condition des pauvres interpelle nos sociétés et les priorités de chacune de nos vies. Dieu montre l’importance des pauvres à ses yeux en se faisant lui-même pauvre. Cela amène le pape à se poser une question : « Je me demande souvent pourquoi, malgré cette clarté des Écritures à propos des pauvres, beaucoup continuent à penser qu’ils peuvent tranquillement les exclure de leurs préoccupations » (§ 23). En effet, « il est indéniable que la primauté de Dieu dans l’enseignement de Jésus s’accompagne d’un autre point ferme : que l’on ne peut aimer Dieu sans étendre son amour aux pauvres » (§ 26). Ou encore : « dans tout migrant rejeté, le Christ lui-même frappe à la porte de la communauté » (§ 75).
La pauvreté n’est pas qu’une question de moyens matériels : elle inclut la situation et les soins des malades et des souffrants, des captifs (éventuellement esclaves, ou détenus de nos prisons), y compris par l’offre de formation et l’aide à trouver un travail. La motivation de l’aide, l’imitation du Fils de Dieu qui s’est fait pauvre, apparaît dans les différentes formes de vie religieuse et doit toucher tous les croyants.
Le pape rappelle des éléments essentiels du christianisme alors même que la pauvreté est loin de disparaître, et que l’aide publique aux pauvres est largement réduite. Son texte n’adopte pas une approche d’abord négative, il rappelle positivement le rôle de l’Église : « Une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et femmes à aimer, est l’Église dont le monde a besoin aujourd’hui » (§ 120).